Heiner Goebbels

Eislermaterial

Archive 2004
Musique
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Eislermaterial  (1998)
Musique et mise en scène, Heiner Goebbels
Scénographie et lumière, Jean Kalman
Avec Josef Bierbichler, Ensemble Modern
Commande de Musica Viva/Munich
Eislermaterial est un spectacle programmé par la Cité de la musique dans le cycle « Le IIIe Reich et la musique»
Commande de Musica Viva/Munich
Coproduction Musica Viva/Munich, Cité de la musique, Bayerischer Rundfunk, Hebbel-Theater Berlin et Dresdner Zentrum für Zeitgenössische Musik.
Avec le soutien de Kulturstiftung Deutsche Bank

« Avec Eisler, j’avais pour la première fois cette impression : voilà quelqu’un qui touche à mes deux préoccupations principales, la composition et la question du politique, qui m’avaient amené à Francfort pour des études de sociologie. Je pouvais d’un coup penser en même temps ces deux centres d’intérêt, mais j’étais sans doute également fasciné par l’éventail des questions abordées par Eisler - littérature, politique, mathématiques, philosophie, arts plastiques, musique bien entendu - et avec cette distance nécessaire par rapport à ce qui fait que l’on se “cuise soi-même” en musique, comme il disait. Voilà une idée qui m’a beaucoup remué, probablement aussi parce que j’aimais sa musique. Tout cela s’était produit parallèlement à ma décision de commencer à étudier la musique avant même d’avoir terminé ma formation de sociologue, et de consacrer mon diplôme en sociologie de l’art à Hanns Eisler ».
Heiner Goebbels
Le nom de Hanns Eisler (1896-1953) dont les lieder et des extraits d’interviews radio forment le matériau du spectacle conçu par Heiner Goebbels est indissolublement lié à celui de Bertolt Brecht,   avec qui il partage une dialectique théorique qui place la distanciation et le politique au cœur de ses œuvres, notamment pour la scène.
« Distancier un processus ou un caractère, c’est d’abord, simplement, enlever tout ce qu’il a d’évident, de connu, de patent, et faire naître à son endroit étonnement et curiosité ». La phrase est de Brecht mais elle aura guidé Eisler aussi précisément qu’une portée musicale. Une musique en quête de sens, refusant l’anesthésie de la conscience sociale et plaçant le texte et la voix au centre de son procès, voilà le projet d’Eisler. « Une prépondérance est désormais accordée à la musique vocale, héritant en cela des chants prolétariens, essentiellement monodiques, et des polyphonies chorales ouvrières ».
Laurent Feneyrou